atelier SYN-

” L’hétérotopie a le pouvoir de juxtaposer en un seul lieu réel plusieurs espaces, plusieurs emplacements qui sont en eux-mêmes incompatibles.(…)  mais peut-être est-ce que l’exemple le plus ancien de ces hétérotopies, en forme d’emplacements contradictoires, (…), c’est peut-être le jardin. Il ne faut oublier que le jardin, étonnante création maintenant millénaire, avait en Orient des significations très profondes et comme superposées. Le jardin traditionnel des persans était un espace sacré qui devait réunir à l’intérieur de son rectangle quatre parties représentant les quatre parties du monde, (…); et toute la végétation du jardin devait se répartir dans cet espace, dans cette sorte de microcosme. Quant aux tapis, ils étaient, à l’origine, des reproductions de jardins. Le jardin, c’est un tapis où le monde tout entier vient accomplir sa perfection symbolique, et le tapis, c’est une sorte de jardin mobile à travers l’espace.(…) Le jardin, c’est, depuis le fond de l’Antiquité, une sorte d’hétérotopie heureuse et universalisante (de là nos jardins zoologiques). - Michel Foucault, Des espaces autres, Hétérotopies, texte de conférence écrit en Tunisie, 1967
En déployant un tapis d’Orient sur différents sites dans le Secteur de la Traverse à Lévis, SYN- s’affaire à troubler les repères en introduisant dans l’urbanité lévisienne un référent culturel venu d’ailleurs, chargé par les rapports de socialité qu’il induit. Avec ce «jardin mobile» ou tapis volant parachuté sur le bitume peuvent potentiellement se superposer des situations et rencontres inédites, répondant en quelque sorte au désir du Centre Regart d’interagir publiquement avec ses environs. Dans cette exploration des limites de l’incompatibilité (Foucault) et de l’hybridité, l’occasion se prête à une collaboration avec un brasseur local pour activer à même le dispositif le croisement et la cohabitation des hétérogènes…
Intervention de SYN- présentée du 21 septembre au 21 octobre 2012, Regart, Centre d’artistes en art actuel, Lévis, Québec